Les NFT, c'est quoi ?

Depuis quelques jours, j’entends de plus en plus de monde parler de NFT. Si le principe de base est plutôt simple à comprendre, la mentalité qu’elle révèle l’est beaucoup moins.

Les NFT, c'est quoi ?

Depuis quelques jours, j’entends de plus en plus de monde parler de NFT. En bon anglais « Non-fungible token » ou « jeton non fongible » en français. Si le principe de base est plutôt simple à comprendre, la mentalité qu’elle révèle l’est beaucoup moins.

Un NFT c’est quoi ? 

C’est très grossièrement, un certificat d’authenticité numérique, une ligne de code informatique. Il se base sur la blockchain pour vérifier son authenticité. C’est une sorte de contrat, codé numériquement et non interchangeable qui permet de vérifier, grâce à des calculs, la véracité du jeton. Au contraire d’un Bitcoin par exemple, qui par nature est lui-même fongible, donc interchangeable. Plus simplement, on peut échanger un Bitcoin contre un autre Bitcoin de la même valeur, mais on ne peut pas échanger un NFT qui est lui unique, par exemple comme une carte à jouer Pokémon de collection ou une œuvre d’art. 

Pourquoi on en parle ? 

Depuis quelques semaines, les NFT ont pris une grande part de l’actualité à cause des ventes records qu’ils engendrent. L’une des première œuvre d’art virtuelle ayant fait parler d’elle est « Everydays : The First 5 000 Days » du graphiste Beeble, qui s’est vendue pour 69.3 millions US dollars chez Christie’s. Cet artiste, qui n’avait auparavant jamais exposé et qui ne figurait dans aucune collection, se retrouve à devenir l’un des plus chers artistes vivants, derrière Jeff Koons et David Hockney. 

Qu’est-ce que je peux vendre sous la forme d’un NFT ? 

Tout ce qui est numérique ! Une image, une vidéo, un Gif, un Tweet, une musique. Cela dit, on commence à voir apparaître d’autres « œuvres » mises en vente, comme le bras de la joueuse de tennis Oleksandra Oliynykova, qui permettrait à l’heureux propriétaire de le faire tatouer ou de le vendre par exemple. Finalement, cela revient à vendre un espace publicitaire sur une joueuse de tennis. Elle a d’ailleurs déjà annoncé vouloir vendre des NFT concernant le choix de ses tenues sportives ou de ses partenaires commerciaux. On se rend donc compte que tout, ou presque peut se vendre sous cette forme. 

Que devient une œuvre NFT ? 

Prenons comme exemple une photo, vendue sous la forme de NFT. Elle va être publiée sur internet, peut-être sur les réseaux sociaux, on va en faire la promotion, mais du coup, n’importe qui va pouvoir la reproduire. Et bien oui, tout le monde pourra la reproduire, mais ce ne seront que des copies. Si je vends un tirage d’une photo, le propriétaire pourra en faire une photo et vendre la photo, mais ce ne sera jamais l’œuvre originale. C’est pareil avec un NFT. La seule manière de vendre l’œuvre originale, c’est avec son certificat d’authenticité, qui sert aussi de preuve de propriété. Il faut cependant différencier la propriété et les droits d’une œuvre, ces derniers restant propriété de l’artiste (copyright). 

Et qui en profite ? 

Comme pour n’importe qu’elle œuvre « standard », le NFT permettent aux artistes de gagner leur vie, et aux collectionneurs de montrer leur soutien à ces artistes. Cela peut aussi, comme n’importe qu’elle œuvre d’art devenir le fruit d’un investissement futur, puisqu’un NFT peut être revendu. 

Mais où est le musée ? 

A l’heure actuelle, plusieurs plateformes sont déjà spécialisées dans l’exposition de NFT. Ce sont en quelque sorte, des galeries d’arts numériques. 

Et comment je peux stocker mes NFT ? 

Comme n’importe qu’elle œuvre d’art, il faut pouvoir stocker un NFT. On utilise pour cela un portefeuille cryptographique compatible. Et comme un vrai musée il y a des risques de conservations. Ce portefeuille est soumis aux aléas de l’informatique, si le support n’est plus lisible, si on perd le code de sécurité ou même si l’on perd l’objet lui-même. 

Est-ce qu’un artiste peut vendre plusieurs NFT de la même œuvre ? 

Oui, comme n’importe quelle photo par exemple, qui peut être vendue en édition limitée, ou non. Chaque tirage, bien que similaire, sera différent. 

Quelques mots sur la Blockchain. C’est quoi, et comment cela me permet-il de vérifier que mon œuvre est authentique et que j’en suis le propriétaire ? 

De manière simplifiée, c’est comme si on avait une clé publique, une sorte de code, répliquée sur des dizaines d’ordinateurs. De telle manière, on est certain qu’elle ne pourra pas être modifiée, puisque visible par tous. Il reste ensuite à demander au propriétaire de la clé privée, un autre code, d’effectuer une opération à l’aide de son code secret (sa clé privée). On ne connaît pas la clé privée, mais tout le monde connaît le résultat que l’on doit obtenir : la clé publique. Si la correspondance est correcte, on est alors certain qu’il n’y a pas eu de contrefaçon et que la personne est le bon propriétaire. 

Alors, les NFT c’est une bonne chose pour les photographes ? 

A mes yeux, les NFT ont deux faces. La première, positive, est que cela permet à plus ou moins n’importe qui de vendre ses travaux, sans devoir investir dans des tirages d’arts par exemple. La mise de départ est théoriquement de zéro, et les commissions sont bien plus faibles que dans une galerie d’art. Par ailleurs, n’importe qui peut se lancer. Toutefois, le coût environnemental de ces opérations n’est pas sans conséquences. De la même manière que les cryptomonnaies, les NFT se basent sur la Blockchain pour authentifier les opérations, ce qui veut dire utiliser des ordinateurs ultra puissants, et très énergivores. A l’heure actuelle, des datacenters entiers sont affectés à ces calculs. Une pénurie mondiale de processeurs graphiques serait aussi une conséquence directe de ce genre d’opération, puisque les datacenters ont besoin d’une très grande puissance de calcul.