Pourquoi j’utilise un mauvais appareil photo, et je n’ai pas envie d’en changer. Le Canon EOS R en 2021.

Fin octobre 2018, Canon annonce une petite révolution dans sa gamme d’appareil photo: le EOS R, premier appareil de la marque à avoir un capteur 24x36 dit « Full Frame » sans miroir. Comment Canon suprpasse ses concurents.

Pourquoi j’utilise un mauvais appareil photo, et je n’ai pas envie d’en changer. Le Canon EOS R en 2021.

Petit retour en arrière:

Fin octobre 2018, Canon annonce une petite révolution dans sa gamme d’appareils photos: le EOS R, premier appareil de la marque à avoir un capteur 24x36 dit « Full Frame » sans miroir. Alors que Sony s’est déjà lancé sur ce créneau il y a bien des années, Canon se lance à sa poursuite.

Dès sa sortie, les critiques fusent: les changements de mode se font à l’aide d’un bouton, et plus d’une molette, ce qui augmente le temps nécessaire pour faire cette opération, le passage en mode vidéo se fait aussi via plusieurs boutons, alors qu’auparavant c’était un simple petit levier à appuyer. Plus important encore, une barre tactile est ajoutée et remplace la molette ronde de réglage: peu pratique, inutilisable rapidement, elle n’est appréciée par personne. Si elle n’est pas dérouillée, on change les paramètres sans le vouloir, mais en la verrouillant , il faut systématiquement prendre 1 seconde pour la déverrouiller, changer son paramètre et à nouveau appuyer une seconde pour la reverrouiller. Beaucoup de temps perdu comparé à l’ancienne méthode. La méthode de sélection du point de focus, via l’écran tactile est difficile à mettre en œuvre, surtout pour les personnes utilisant leur œil gauche. Le manque de stabilisation du capteur, disponible depuis plusieurs années sur les appareils Sony est vu comme un manque, un mode vidéo décevant, notamment en 4K qui coupe le capteur (zoom d’environ 1.5x), et beaucoup de petits autres détails, comme l’absence de deux emplacements pour carte mémoire.

Pourtant, cet appareil est à mes yeux un prototype, un appareil pour pouvoir utiliser ce qui compte vraiment pour Canon: les objectifs. Contrairement à ce que Nikon a fait avec sa série Z, c’est-à-dire sortir deux boîtiers, et des objectifs peu adaptés, notamment un 58mm f/0.95 à plus de 10’000 CHF, alors qu’aucun 24-70mm par exemple était disponible, Canon a préféré d’abord développer ce qu’ils savent faire de mieux, des objectifs et ensuite sortir un boîtier sur lequel les utiliser. 

Mon Canon EOS R, équipé de son objectif RF 24-70mm f/2.8L IS USM

Mon expérience

Début 2019, je me retrouve face à un dilemme. Utilisant jusqu’alors un Canon EOS 7D mark II, je dois, pour les besoins d’un projet , absolument utiliser un appareil plein format. Deux options s’offrent à moi: le 5D mark IV, ou le R. Amant beaucoup les nouveautés, je décide finalement de me lancer et d’acheter le R. J’utilise alors pendant un moment les objectifs EF comptables que je possède, jusqu’à ce que Canon annonce enfin l’arrivée du RF 24-70 f/2.8, que je commanderai que quelques jours après sa sortie. 

Depuis le début, les avis sur cet appareil ont été très polarisés. Soit on le détestait, soit on l’adorait. De mon côté, je l’adorais, et c’est, plus de deux ans après, encore le cas. 

Tout d’abord, les objectifs:

La nouvelle gamme RF montre une nouvelle fois que Canon est avant tout un manufacture de lentilles. Ils ont toujours été reconnus pour cela, plusieurs marques de caméras de cinéma utilisent par exemple leur monture EF, puis maintenant RF (Z-cam, Red). Prenez en main un 70-200mm f/2.8 pour comprendre la différence entre la version de Canon et les autres. On parlera aussi du 85mm f/1.2 DS, qui rend les éléments en arrière plans encore plus doux qu’un objectif normal. Le « DS » signifiant Defocus Smoothing, ou lissage du flou. Sans avoir pu tester, les résultats que j’ai vu sont tout juste spectaculaires. On ajotuera à cela une stabilisation à couper le souffle. Il devient presque simple de faire une image à 1/5 seconde au 200mm sans trépied, chose jusqu’alors inimaginable. Pour moi qui ai l’habitude de prendre des photos de théâtre, spectacle, concerts en basse lumière, c’est tout simplement un bonheur. 

L’ergonomie: 

Dans mes mains, c’est pour moi la taille idéale entre un reflex trop gros, et un appareil compact trop petit. Plus léger, mais surtout un peu plus petit, je n’ai rien à redire. 

La qualité d’image:

Avec un capteur de 30 millions de pixel, l’EOS R se place dans la partie haute du panier. Couplé au savoir faire colorimétrique et les fichiers RAW Canon, je n’ai tout simplement rien à redire. On ajoutera à cela l’option « Dual Pixel RAW » qui permet, dans une certaine limite, d’ajuster la mise au point après coup en créant une carte 3D de l’image. Cependant, la taille des fichiers devient vraiment grande pour le bénéfice que cela apporte. C’est pourquoi j’utilise presque jamais cette fonction. 

Le menu et la personnalisation:

Le menu, comme d’habitude, est l’un des plus simple que j’ai pu utiliser, comparé à celui d’un Sony ou d’un Nikon, c’est un jeu d’enfant à utiliser. Par ailleurs, de nombreux boutons sont personnalisables, comme la barre tactile, que j’utilise cependant très peu. Une bague supplémentaire est aussi ajoutée sur les objectifs. Elle permet de rapidement changer sa sensibilité, l’ouverture ou la vitesse, directement depuis l’objectif. Un ajout très pratique à mes yeux. 

La batterie: 

Comme tous les appareils professionnels Canon (sauf la gamme 1D), c’est une batterie LP-E6 qui est utilisée (plus particulièrement la nouvelle version LP-E6N) ce qui permet de pouvoir utiliser toutes ses batteries déjà en notre possession, mais aussi de pouvoir facilement en trouver d’autres fabricants si besoin. On notera aussi un rechargement USB, très pratique. Il manque cependant la possibilité d’avoir l’appareil qui se charge en USB lorsqu’il est utilisé, en studio par exemple. Il faut noter que comme pour beaucoup d’appareils avec un écran comme viseur, la batterie va vite être sollicitée. Il n’est pas rare de devoir changer plusieurs fois celle-ci pour une seule journée de travail. 

Venons-on à 2021

Canon a annoncé le R6 et le R5, deux successeurs à ce premier appareil. Comblant certaines lacunes, je ne vois pas pourquoi en changer. Le R5, malgré sa vidéo 8K et son capteur 45 millions de pixels stabilisé est exagéré pour l’utilisation que je vais en faire. Et le prix, à plus de 4000 CHF n’aide pas. Le R6 de son côté malgré un double enlacement pour carte mémoire et un capteur stabilisé lui aussi, ne possède que 20 million de pixels, ce qui me parait être un retour en arrière comparé au R. Au final, j’ai simplement envie de garder mon premier appareil plein format, qui m’a déjà énormément servi, et qui je l’espère, va continuer pendant plusieurs années.